Conférence : La médecine militaire

23 Février 2018 : Conférence sur la médecine Militaire

(texte: Plt Nicolas Tufarolo)

Le vendredi 23 février 2018, la société des officiers du valais romand a organisé une rencontre à Sion pour traiter de la médecine militaire ainsi que de la chirurgie de guerre. Pour nous éclairer sur cette thématique complexe, nous avons accueilli deux chirurgiens expérimentés.

Le plt Arnaud Dupuis a commencé sa présentation en nous posant un cadre historique et traitant deux personnalités importantes de la médecine militaire : Dominique Jean-Larrey, qui était le chirurgien de Napoléon et Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. La présentation s’est poursuivie sur les buts et utilisations de cette médecine de guerre. De nombreux exemples ont été nommés : attaques terroristes, catastrophes naturelles, guerres régulières. Nous avons ensuite été informés sur la formation de médecin militaire au sein de l’armée suisse. Cette formation se base sur des compétences de médecine acquises dans le civil. Ces médecins effectuent leur école d’officier entre la 5ème et 6ème année de formation de médecine puis effectuent leur stage pratique dans une école de recrue. Ils disposent ensuite d’une formation continue dans les 5 hôpitaux universitaires suisses.

Le cap André Mennet nous a ensuite montré la différence entre la « belle chirurgie » (donc la chirurgie en bloc opératoire) et la chirurgie de guerre. Pour cela, il nous a mis dans le contexte avec une scène filmée dans les urgences de la bande de Gaza où le chaos régnait. Ainsi divers facteurs sont clairement différents : le contexte en soi, le temps, les ressources, l’accès, la pression. Sur un champ de bataille (ou dans une situation de crise), les services médicaux sont restreints. Le personnel soignant fait face à une vague inhabituelle de patients avec des blessures non-ordinaires.

Le concept de la « Golden Hour » a ensuite été traité. En soignant une personne dans la première heure on a plus de chance de la sauver. Ainsi cette première heure est décisive concernant le nombre de personnes sauvées suite à une attaque ou une catastrophe naturelle. Il y a ainsi un facteur de « déindividuation » qui se profile : nous ne nous retrouvons plus dans l’optique de l’individu, mais bel et bien dans l’optique de sauver le plus grand nombre de vies. Le « tri » devient un facteur décisif dans ce processus. Le personnel soignant responsable de ce tri divise les blessés en quatre catégories : « Immediate », donc prise en charge immédiate, « Delayed » qui correspond à la deuxième priorité, « Minor » qui correspond à des blessures mineures et finalement « Deceased » pour des personnes mortes ou pour lesquelles les soins ne peuvent plus les sauver. Ce système de tri doit en théorie être effectué en 30 secondes ! Autant vous dire que la personne responsable de ce tri doit être compétent. Un deuxième concept intéressant est le « Damage control ». Pour cela la personne blessée est comparée à un bateau qui a été touché et qui souffre d’une voie d’eau. Cette voie d’eau correspond à l’hémorragie. Il faut ainsi arrêter cette voie d’eau et ramené le bateau au port pour des réparations. Pour le patient, il faut stopper l’hémorragie et le ramener dans un hôpital pour pouvoir le traiter correctement. Pour terminer nous avons également discuté de la triade de la mort, « Acidoses », « Hypothermia » et « Coagulopathy ».

Nos deux médecins militaires et chirurgiens expérimentés ont relevé de nombreux points importants :

  • Le personnel soignant n’est pas habitué à faire face à ces blessures spéciales.
  • La chirurgie militaire est une spécifié en soi.
  • Le manque d’expérience (et ainsi le risque de ne pas être efficient et efficace en cas réel).
  • L’apport de l’expérience partagée avec l’armée française.
  • L’impossibilité de s’exercer sous l’uniforme et le processus de recherche pour travailler avec la Croix-Rouge.
  • Les exercices (simulation de catastrophe) mettent l’accent sur la conduite et ne vont pas jusqu’à l’entraînement des spécificités médicales.